Testamento dans Challenges : « Testamento, la start-up qui veut rendre tendance le testament »
« Testamento, la start-up qui veut rendre tendance le testament. » Challenges, le 3 novembre 2015.
Testamento veut démocratiser l’usage du testament en France. La start-up annonce l’acquisition d’un site consacré aux décès afin de renforcer son positionnement auprès des jeunes.
La mort peut être aussi l’occasion de belles histoires. La start-up française Testamento mise sur le développement des testaments et propose à tout internaute de rédiger ses dernières volontés en ligne. L’idée de ce service est venue à Virgile Delporte à son retour d’Amazonie. « Avant de partir faire mon trek avec ma femme, nous avions souhaité rédiger un testament, au cas où il se passe un problème là-bas, pour sécuriser nos enfants. A notre retour, je suis allé chez le notaire afin de savoir si mon document était valable ou non. En fait je me suis rendu compte que j’avais fait toutes les erreurs classiques et que mon testament ne valait rien », raconte le fondateur de Testamento.
L’histoire, racontée à tous les médias, ressemble beaucoup à du storytelling réussi. Mais il traduit parfaitement l’objectif de Testamento: « démocratiser les testaments en France » avec chiffres à l’appui. 90% des successions sont réalisés aujourd’hui sans testament. Et d’ici 5 ans le nombre de décès passera de 550.000 par ans à 700.000 en raison du « papy boom ». Le fondateur du site internet est très frileux quant il s’agit d’aborder le nombre de testaments réalisés ainsi que le chiffre d’affaires de la start-up créée fin 2013. Il confesse seulement vouloir doubler le nombre de testaments réalisés dans l’Hexagone d’ici 3 ans.
La start-up propose deux offres à 29.90 euros ou 69.90 euros en fonction principalement de l’inscription ou non du testament dans la base officielle des notaires et de la conservation de celui-ci en sécurité. Testamento veut s’adresser prioritairement aux jeunes.
Qui sont donc les utilisateurs de Testamento? « Nos utilisateurs sont plutôt des citadins. On est sur la vague hype, des early adopters décrypte le fondateur. Ceux qui réalisent des testaments classiques aujourd’hui sont plutôt des personnes âgées. Notre but est d’aller chercher des jeunes que nous pourrons toucher grâce à la dématérialisation. Car si vous êtes à la retraite, vous avez le temps d’aller voir votre notaire », explique Virgile Delporte.
La communication de l’entreprise est ciblée: « Pacsé? Votre partenaire n’est pas votre héritier! » raconte une publicité sur fond rouge. C’est dans cette optique que Testamento a racheté le site internet Alloleciel en octobre dernier. Ce dernier se présente comme le site d’information le plus visité sur le thème de la fin de vie. 5 millions de pages vues en 2014 alors que le site est « moche et pas mobile friendly, selon l’avis même de Virgile Delporte qui vient de l’acéquérir. L’idée c’est de le rendre très rentable en boostant les partenariats et en mettant également en avant Testamento ». Sa fondatrice, Virginie Pons, évoque également la volonté « d’acheter du trafic » afin de développer la start-up.
Des testaments pour jeunes
Et le rachat de ce site internet devrait également permettre à Testamento de toucher en priorité un public plus jeune. « Tout le monde me dit que je suis en train d’acheter un site de vieux. En fait 30% des gens qui viennent sur le site ont entre 15 et 24 ans », s’amuse Virgile Delporte.
En avril dernier, la start-up a annoncé une levée de fond de 342.000 euros dans laquelle ont investit Thierry Petit (fondateur de Showroom privé) et Cyril Janin (créateur de Keljob.com). Le conflit initial avec les notaires, qui voulaient la peau de Testamento semble loin. Désormais de nombreux notaires travaillent en partenariat avec le site. « Ils ont compris qu’on n’était pas là pour leur piquer du business », se réjouit le fondateur de la start-up. Testamento développe même des logiciels à destination de ceux-ci afin de simplifier la rédaction de testaments. La start-up vient de déménager dans des locaux plus spacieux, aux cotés désormais d’une entreprise qui répare les téléphones et leur donne une seconde vie.